Botswana : 1200km à travers le bush (dont 500 en pick-up) du 12 au 25 Avril

En rose le vélo, en vert le pick-up
En rose le vélo, en vert le pick-up

Drole de nom 'Botswana" pour ce pays pas très connu, drole de pays aussi d'ailleurs. Avec moins de la population de Paris intramuros répartie sur une surface grande comme une fois et demi la France, il y a de l'espace! Et croyez-nous, on l'a bien sentit l'espace :-). Notamment lors de ce qui restera la plus grande ligne droite de notre voyage: plus de 130km sans le moindre virage, ni la moindre habitation! Juste du "bush" (herbes, arbustes, buissons) Hum.. apparemment la route principale n'est pas ici synonyme de vie comme ça a été le cas dans les pays traversés précédemment. Et comme les distances entre villages sont minimum de 100 km, on ne trouve personne sur les routes, pas de gens à vélo, à pied ou en charette d'ane. A la limite de temps en temps, dans les coins surpeuplés, un petit groupe sous un arbre, attendant une éventuelle voiture pour les prendre en stop.. Bref c'est nous et la nature (et 2 secondes toutes les 30 minutes, un 4x4 à fond)

C'est parti pour la ligne droite!
C'est parti pour la ligne droite!

Alors au début, même si c'est un peu dur, on est quand meme content de tenter l'expérience et de découvrir ce pays tel qu'il est. Puis au bout du 3ème ou 4ème jour (surtout si le vent est contre nous - très important le vent, ça a un role primordial sur le moral du cycliste un peu fatigué!), on se dit plutot qu'on passe un peu à coté du pays et de ses attractions, surtout quand 90% des véhicules qui nous dépassent sont des 4x4 de touristes en route vers leur prochain parc, que tous les campings ou on pourrait s'arrêter sont construits pour ces voyageurs et coutent un bras (oui, même pour planter une tente dans le bush, on paye souvent plus cher qu'en France!). Bref, on ne se sent pas trop à notre place dans ce pays clairement pas adapté aux voyageurs à vélo.

Au moins on est prévenu
Au moins on est prévenu

Car le Botswana est LA destination pour les safaris haut de gamme: des animaux à foison dans un environnement encore très sauvage et relativement peu de touristes, car triés sur le porte-monnaie. On s'en rend compte dès notre arrivé dans le pays: le premier soir un éléphant erre dans le village ou nous campons, Emilie l'entend en se couchant mais je la rassure: " Mais non, c'est surement juste un gros chien, t'inquiètes." (oui bon, je dois encore exercer un peu mon oreille), puis des gens tirent en l'air pour l'effrayer. 

Cette région a l'une des plus forte densité d'éléphants, entre le parc Chobe à l'ouest et le parc Hwange à l'est, tous deux dépourvus de barrières, laissant libre la migration de ces pachydermes, parfois trop près des villes. La veille, 2 personnes ont été tuées près de Livingstone par un male un peu fou; en quittant cette ville le lendemain matin, nous sommes passés à vélo à 15m d'une famille d'éléphants, autant vous dire que nous ne faisions pas trop les fiers et qu'on ne s'est pas arreté pour la photo souvenir cette fois-ci (même si au final, ils étaient aussi effrayés que nous).

En plus des familles classiques d'éléphants, il y a les "bull elephant" des males adultes solitaires, souvent d'une taille gigantesque qui deviennent assez agressifs pendant la période du rut (c'est à dire maintenant) que tout le monde nous déconseille de rencontrer à vélo. Ca tombe bien, ils sont généralement plus profond dans le parc, loin de notre route. Le 1er jour à vélo, on aperçoit aussi giraffes, zèbres et phacochères.. on va quand meme attendre un peu pour le camping sauvage.

En balade sur un vieux pont près du camping
En balade sur un vieux pont près du camping

Comme dans la plupart des pays d'Afrique australe, il y a au Botswana une minorité notable de blancs dans la population. Si la majorité d'entre eux travaille maintenant dans le tourisme ou l'industrie minière, certains de ces anciens européens gèrent encore de grandes exploitations agricoles, datant de plus d'un siècle, quand la propriété privée a été abolie pour encourager les premiers colons à occuper le maximum de territoire.

Les premiers blancs arrivés au Botswana furent les Boers, des Afrikaners qui, sous la pression des britanniques, quittèrent la Colonie britannique du Cap vers 1836 et créèrent leur Etat, le Transvaal, forçant la population locale à se déplacer. A la demande des autochtones, le Gouvernement britannique chassa les Boers et le Botswana devint leur Protectorat en 1885 puis sous l'influence de quelques chefs coutumiers, notamment Sereste Khama qui devint le premier président du pays, le Botswana obtint son indépendance en 1966.

Grave entorse au bilan carbone pour admirer le delta de l'Okavango depuis le ciel
Grave entorse au bilan carbone pour admirer le delta de l'Okavango depuis le ciel

Le highlight de notre passage par le Botswana est sans conteste le Delta de l'Okavango qui nait de l'accumulation des eaux du Fleuve Okavango arrivant d'Angola et qui, fait rare dans le Monde, ne se jette pas dans l'Océan mais se perd dans les sables du désert Kalahari et s'évapore. Cela donne un immense territoire de rivières, lagons, plans d'eau et iles, paradis pour la faune sauvage. L'arrivée à Maun, la grosse ville au sud du Delta, nous fait l'effet d'un grand bol d'air.

Après avoir vainement tenté d'organiser une visite à l'intérieur du Delta (on n'a rien trouvé à moins de 600$ par personne...), on organise une sortie de camping sauvage aux abords du Parc et balade en Mokoro, étroite barque traditionnelle: plus à notre image! Dès le départ en bateau, on tombe sur deux gros hippos en train de copuler dans l'étroit canal. Panique parmi les guides, impossible de passer. On se sent d'un coup tout vulnérable dans nos petites embarcations au ras de l'eau. Obligés de débarquer, on attend patiemment que les deux gros aient fini et laissent le passage...

Calin d'hippopotame, ca remue!
Calin d'hippopotame, ca remue!

Le matin, on part pour un walking safari - safari à pied donc!! -, durant lequel on ne voit aucun animal pendant à peu près deux heures. Le guide nous assure que c'est parce que les lions ne sont pas loin. Mouais. On se console en se disant que c'est déjà pas mal de marcher dans ce beau parc. Puis le guide nous pointe des empreintes dans le sable, et tout excité, nous entraine (le fou!!) à leur poursuite. Sceptiques, on le suit au pas de course parce que, ben oui, faut rester groupés on sait jamais! Au détour d'un buisson, on tombe sur un male et deux femelles qui avancent devant nous. C'est absolument dingue! Ils sont juste la, à quelques bonds de nous...!

La chasse a la giraffe
La chasse a la giraffe

Le Botswana joue clairement la carte du tourisme de luxe pour booster son économie en limitant l'impact sur son environnement naturel exceptionnel (moins de touristes mais qui dépensent plus). Classé l'un des pays les plus pauvres du Monde dans les années 70 (2% seulement de la population était allée à l'école primaire, 12km de route goudronnée sur l'ensemble du territoire...), le Botswana semble s'en sortir plutot bien aujourd'hui, en grande partie grace à l'exploitation des richesses minières du pays que le Gouvernement a eu l'intelligence d'invetir dans les infrastrures du pays (santé, éducation et réseau routier), mais curieusement, les bénéfices que l'Etat retire réellement des mines est top secret...

Dans le delta on troque nos vélos pour le Mokoro
Dans le delta on troque nos vélos pour le Mokoro

Avec son territoire immense, le Botswana voit survivre nombreuses tribus et traditions, notamment:

Les Herero, une tribus de fermiers qui migrèrent de l'actuelle Namibie, sont très remarquables dans les rues: les hommes portent chapeaux et veston, emmènent leurs batons de berger (pas le saucisson); les femmes arborent des coiffes qui évoquent des cornes de vaches et sont vétues d'incroyables robes multicolores style Victorien rembourées de 2 ou 3 jupons "parce nos maris nous aiment bien en chair...!"

Les San, ou Bushmen, les véritables indigènes de la région du Sud de l'Afrique et dont les archéologues ont retrouvé des vestiges datant de 30 000 ans. Traditionnellement chasseurs, ils sont maintenant interdits de chasser par la loi botswanienne et survivent dans le bush, à raison de poignées de baies quotidiennes...

Non ce n'est pas un tournage de film d'époque, ce sont les costumes de femmes Hérero
Non ce n'est pas un tournage de film d'époque, ce sont les costumes de femmes Hérero

Finalement on aura bien pris le temps à Maun et ses environs et la perspective des 500 km à vélo de bush botswanien pour rejoindre la Namibie ne nous enchante qu'à moitié. Après s'être bien moqués des auto-stopeurs botswaniens attendant l'hypothétique voiture au milieu de nulle part, nous tentons l'expérience dès la sortie de Maun. Pas évident le stop à 2 sur une route déserte avec des vélos! Mais ce fut plutot un succès: cheveux au vent à l'arrière de pick-ups, on atteint la frontière en 2 jours au lieu de 5, prêts pour enchainer sur 300 km de bush Namibien !!

 

Commentaires: 4
  • #4

    Nico Foucher (mardi, 28 mai 2013 15:24)

    Hello!
    Merci pour cette découverte d'un pays méconnu! Les paysages ont l'air un peu monotones mais les photos sont magnifiques!! Heureusement, il y a du bon goudron...

  • #3

    Flo (dimanche, 12 mai 2013 16:03)

    Magnifiques les photos du delta de l'Okavango ! Et encore un article intéressant de votre journal de bord, merci !
    Moi je reviens de deux semaines au Maroc avec à la carte trek dans l'Atlas, dunes des portes du désert, plage, le tout saupoudré de tajines, fantastique !

  • #2

    JPG (jeudi, 09 mai 2013 10:31)

    Je conçois que cette partie du voyage fût complètement inintéressante question vélo. En Europe, au même moment j'ai parcouru 800km en Seine et Marne, Corrèze, Lot et Pays Catalan Espagnol, sans aucune ligne droite de plus 5km et avec de nombreux beaux cols, soit zigzags et % de montée et descentes.
    Mais question voyage, je trouve là votre plus beau récit.Vous nous apprenez l'histoire du Botswana, la géographie de l'Okavango, un cours d'éducation sexuelle très grand format, l'humour de la collection Safari, la nostalgie d'une mode ancienne conservée par les Hérero. Il faut citer votre audace et votre courage par l'abandon des vélos remplacés par coucou volant et pick-up.
    Sans oublier les belles images comme celle du cimetière d'éléphants, la chasse à courr-ir derrière les lions ...
    Bravo et bonne suite

  • #1

    Ph et M Cécile Clapé (lundi, 06 mai 2013 13:42)

    Hello,
    nous espérons que vous avez bien profité de ce début de vraies vacances, mais le style de vos aventures nous tient toujours en haleine, merci pour le récit vivant et à bientôt,

    Bises

Bonjour à tous,

 

Après quelques mois passés dans les Kivus Congolais, notre retour en France approche. Oui, mais nous mettons tout d'abord le cap vers le sud! et à vélo...

 

Nous avons prévu de relier Goma à Cape Town à bicyclette et ce petit site nous permettra de partager un peu de notre voyage avec vous. Nous en profiterons aussi pour donner quelques infos pratiques à d'autres voyageurs qui voudraient venir pédaler dans le coin!

 

A bientôt en France!

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