Les trois premiers jours ont été synonymes de grosses galères mais aussi de rencontres sympathiques...

On quitte Ulrich et Raphael lundi matin pour s'élancer dans les rues de Bukavu en direction de la frontière rwandaise. Sortie congolaise tamponnée, on arrive chez les rwandais qui nous accueillent mal, comme souvent. Visas en poche, on change un peu d'argent quand un jeune policier zélé nous demande de retirer les drapeaux congolais qui volètent sur nos guidons. Emilie fait sa juriste et lui demande d'aller chercher la loi qui interdit ca. Il revient avec son chef qui veut nous emmener au poste. On tente de filer à l'italienne mais le plus jeune nous rattrape à moto et tout en nous insultant, il enlève le cran d'arret de sa kalachnikov ce qui nous rend tout de suite plus obéissants. S'en suivent deux bonnes heures de dispute avec divers agents de l'Etat: fouille de bagages contre menace de porter plainte contre l'agent et Romain en rajoute une couche en traitant le Rwanda de dictature. Une grosse dame finit par nous faire signer des lettres de demande de pardon à l'Etat (assez cocasse, on croit rever) avant d'annuler nos visas.

Retour au point de départ, on respire un grand coup et on réfléchit: frontière congolaise - Bukavu - rachat de Visa pour Emilie.

Cette dispute signifie passer par le Congo pour rejoindre la frontière burundaise, par la "Route des Escarpements", une jolie mais longue et sinueuse piste de montagne. On s'y lance donc, mais en sortant des faubourgs de Bukavu, un expat européen s'arrete à notre hauteur pour nous déconseiller de partir maintenant : il est déjà 14h et le prochain village n'est pas tout proche. Résignés mais ne voulant pas faire demi-tour à peine partis, nous embarquons les vélos sur le toit d'un mini-bus et nous ferons donc escale dans le village suivant, à 25 km de Bukavu...

Le détour par la route des Escarpements  nous amène finalement des rencontres sympathiques: le directeur des services d'immigration à Bukavu, francais d'adoption qui a vécu 30 ans en France et se transforme en prof d'histoire passionné pour nous raconter celle de son pays et comment, après tant d'années d'expatriation, il retourve un Congo si changé ; à l'hotel de Nyangezy, nous recevons la visite d'un "sage" congolais, ex-attaché de presse de l'ambassade de France à Dar-Es-Salam et d'un francophile réjoui de parler avec des étrangers et nous raconte les conditions de vie difficiles des paysans de sa région.

Une belle journée de la lose qui finalement se termine bien!

Départ tot pour attaquer les montagnes, les 25 km annoncés par les locaux se transforment en plus de 30 mais la piste est belle et sans voitures. Dès qu'on atteint le bitume, euphoriques, on se lance vers Uvira. 75 km annoncés, meme pas peur! Mais camper dans la campagne congolaise ou parait-il les Mai Mai ont leur territoire ne nous botte pas trop...

Puis l'orage tropical nous rattrappe et ne nous lachera plus de la journée, on arrive finalement à Uvira épuisés après une première journée à 110 km...! Moment que le compteur choisit pour nous lacher (dommage, sans carte précise, l'aventure commence vraiment).

Pas le top pour une mise en jambes...

Rejoindre Bujumbura le lendemain nous apparait presque facile: frontière qui ne nous refoule pas, bitume bien entretenu, coca sur la route, le bonheur! Nous voila au Burundi, premier pays du voyage!