La Zambie d'Est en Ouest: 1170 km du 24/03 au 10/04

Finalement on passe pas par le Zimbabwe, on continue donc encore 60 km à l'ouest de Livingstone pour rentrer direct au Botswana
Finalement on passe pas par le Zimbabwe, on continue donc encore 60 km à l'ouest de Livingstone pour rentrer direct au Botswana
L'image d'Epinal africaine est au rendez-vous en Zambie
L'image d'Epinal africaine est au rendez-vous en Zambie

Depuis que nous avons quitté l’ère d’influence du Swahili, les langues changent selon les régions au sein d’un meme pays, nous passons donc rarement plus de quelques jours dans une zone ou la même langue est parlée. A l’Est de la Zambie, on parle le Nyanja, proche du Chichewa parlé au Malawi, tandis qu’à l’Ouest ce sera le Lozi et au sud le Tonga. Bref, autant vous dire qu’on a vite fait de s’embrouiller. On se limite donc généralement à 1 ou 2 formules de salutations, qu’om est tout content de répéter à longueur de journée, jaugeant notre accent à l’enhousiasme de la réponse obtenue. Le problème, c’est que généralement les jeunes (et moins jeunes) ont souvent la même attente en ce qui concerne les quelques mots d’anglais qu’ils connaissent. S’ensuit alors un redoutable duel à l’usure: Eux: How are you? Nous: Muli Bwanji? Eux: How are you? Nous: Muli Bwanji?

Aucun de nous ne voulant répondre à la question dans “sa” langue mais attendant la réponse dans la langue étrangère, nouvelle et tellement plus mystérieuse! Parfois les enfants, intrigués par notre remarquable aisance linguistique nous font gré d’une réponse (Bwino bwanji, Victoire pour nous !), parfois c’est nous qui, ne voulant pas les décourager dans l’apprentissage de la langue de Shakespeare, cédons les premiers, grands princes : I’m fine thank you. Bref quand cette riche conversation touche à sa fin, on a généralement eu le temps d’avancer de 30 mètres et l’enfant suivant prend déjà le relais: Awayu? awayu? Etc. etc.

Allez, soyez sympas, c'est moi qui ait dit Muli Bwanji en premier, répondez-moi !
Allez, soyez sympas, c'est moi qui ait dit Muli Bwanji en premier, répondez-moi !

On aime bien rouler en campagne le WE car les samedi et dimanche sont jours de cultes pour la majorité des gens, de confessions plutot chrétienne mais dans des branches evangelistes diverses et variées. Et qui dit culte, dit habit de fête! On a alors l’occasion de croiser des petits garçons en costards sortant de la brousse, des rangées de petites filles en robes de princesses le long de la route, des vieux monsieurs en redingote sur leurs vélos. Bref, on a l’impression d’un décalage complet entre les costumes et le décor qui les entoure, comme si des acteurs s’étaient trompés de scène, c’est toujours amusant. Seuls les groupes de femmes en boubou multicolores et aux coiffes élaborées nous confirment que nous sommes bien toujours en Afrique.

En ce qui concerne les batiments des églises, comme ce sont souvent les branches indépendantes, ce sont les habitants qui financent et participant à la construction et cela peut prendre du temps. On voit donc parfois des assemblées chantant dans une future église dont les murs de briques ne font encore que 50 cm de haut. Parfois il n’y a même que les bancs et l’autel, le cadre étant pour l’instant déssiné autour, sur la terre. En revanche, certaines branches, comme les témoins de Jéhovah semblent avoir des fonds d’ailleurs car même au fin fond de la brousse leurs églises sont toujours nickel et on en croise un paquet! Depuis le début du voyage, quasiment une tous les 20 ou 30 km sans exagérer, assez impressionant.

Comme on a pas de photos d'églises on vous met quelques tomates et racines de manioc
Comme on a pas de photos d'églises on vous met quelques tomates et racines de manioc

Contrairement à son voisin le Malawi, en Zambie l’agriculture ne tient pas une place prépondérante. Bien sur on croise de nombreux champs de maïs, des plantations de cannes à sucre, de tabac et de café, mais seul un faible pourcentage du territoire est consacré à l’agriculture de subsistence tandis que la Zambie importe plus de la moitié de ses denrées alimentaires! Cela explique en partant les prix élevés de la nourriture ici.. Le pays est en revanche un assez gros producteur de viande et on a ainsi croisé de gigantesques exploitations de milliers de têtes chacunes. Lors d’une petite pause biscuits chez des policiers ceux-ci nous expliquaient que la plupart de ces ranchs appartiennent à des blancs, présents depuis l’époque coloniale (et qui ici, contrairement au Zimbawe voisin, n’ont pas été chassés). Les problèmes de braconnage dans ces ranchs de la part des villageois voisins sont parait-il fréquents.

Sur la route on ne trouve plus comme dans les pays traversés précédemment, les petits restos locaux servant un plat de base très abordable, et encore moins sur le tronçon Lusaka-Livingstone qui est plus développé: les supermarchés et fast-foods aux ambiances froides, servant saucisse-frites et autres snacks baignés dans l’huile ont remplacé les petits boui-boui, certes plus artisanaux mais plus chaleureux: on est pas très fan de cette “amélioration”. D’une manière générale, certaines régions de la Zambie sont assez developpées (compte tenu du standard africain) mais ce développement, calqué sur le mode de vie occidental, voire américain surtout, paraît en décalage complet avec la vie dans les campagnes. Cela donne un résultat assez bizarre que nous n’avions pas vu avant et qui ne laisse rien présager de très bon. Une classe moyenne assez importante semble émerger ici, c’est encourageant, mais vont-ils tous devenir des obèses en 4x4 mangeant des friands à la saucisse à 10h du matin? Ils en prennent le chemin et ça, c’est nettement moins encourageant!

Une rue de Lusaka, la capitale zambienne
Une rue de Lusaka, la capitale zambienne

Et les animaux sauvages? Bah oui parce que ça fait partie d’une des images qu’on a généralement de l’Afrique. Et puis la Zambie est réputée pour ses beaux parcs nationaux foisonnant de toutes sortes d’animaux. Bah nous n’avons été visiter aucun de ces parcs... D’une part car c’est un petit budget (avec la location de voiture + chauffeur + entrées du parc et logement, c’est minimum 100$/jour/pers.) et d’autre part car (on va faire nos blasés) on eu l’occasion de faire de beaux safaris en Ouganda cette année et un lion Zambien doit quand meme pas mal ressembler à un lion Ougandais.

Est-ce à dire que notre route est dépeuplée d’animaux? Que nenni ami lecteur ! L’espèce la plus commune est sans doute le chien écrasé, transformé en moquette par le passage répété des 33 tonnes (on en a encore vu un en direct ya quelques jours..) puis vient le papillon, virevoltant au gré du vent devant nous mais qui réussit la prouesse de venir systématiquement venir s’écraser sur nos lunettes de soleil à chaque descente, et repart boitant d’une aile, plus virevoltant que jamais.

Mais ce n’est pas tout! Viennent ensuite de dangereuses et voraces creatures, qu’on s’applique à ne pas trop déranger sur notre passage. Je veux bien sur parler de:

Les photos sont trompeuses, chacun de ces monstres mesure dans les 5 ou 6m et pèse au bas mot une demi-tonne
Les photos sont trompeuses, chacun de ces monstres mesure dans les 5 ou 6m et pèse au bas mot une demi-tonne

Jojo le caméléon et Josette la tortue!!

C’est donc plein d’appréhension mais prennant notre courage à deux mains que nous poursuivons notre route, au milieu de ces monstres sanguinaires.

Spéciale dédicace Sarah: je te ramène la casquette!
Spéciale dédicace Sarah: je te ramène la casquette!

On retrouve en Zambie David Livingstone, célèbre missionnaire et explorateur écossais dont on suit la trace depuis le Congo. Il arriva en Zambie au milieu du XIXème siècle et découvrit les Chutes Victoria en 1855 après avoir descendu une partie du fleuve Zambèse en petit canoe.

 

Entendant parler de ce "nouveau" territoire au potentiel économique énorme, Cecil Rhodes, un autre britannique, riche businessman et magnat de l'industrie minière, installé dans la colonie britannique du Cap (actuellement Afrique du Sud), se précipita vers la Zambie qui fut ensuite baptisée, en son honneur, Rhodésie du Nord (par opposition avec la Rhodésie du Sud voisine, l'actuel Zimbabwe). La Zambie est ensuite devenue une colonnie britannique qui exploita ses habitants bien comme il faut (créant notamment de nouvelles taxes obligeant ensuite les villageois à travailler dans les mines pour pouvoir la payer, les malins...) et lutta pour son indépendance jusqu'en 1964 (1980 pour le Zimbabwe!). Après des débuts cahotiques et pas très démocratiques, la Zambie semble aujourd'hui relativement stable politiquement.

Brad et Angelina en visite au Lwanga Bridge
Brad et Angelina en visite au Lwanga Bridge

Dans un élan mégalomane, Rhodes, voulant développer son empire économique du Cap au Caire, entreprit la construction d'une voie de chemin de fer pour relier ces deux villes. Afin de faciliter l'exploitation des mines de cuivres des régions limitrophes du Congo et de l'Angola, il fut décidé que la voie traverserait les Chutes! Un pont perché à 150 m, construit sous la supervision d'un ingénieur français (Cocorico!) en 1904 (en Angleterre puis ramené en Zambie pour y être assemblé...) surplombe toujours l'une des gorges et tient lieu de frontière entre le Zimbabwe et la Zambie. Nombreux 33 tonnes et trains de marchandises, sans compter les centaines de touristes, l'empruntent quotidiennement.

Le fameux pont donc. Et moi pour meubler un peu.
Le fameux pont donc. Et moi pour meubler un peu.

Les Chutes Victoria (du nom de la reine d'Angleterre) sont un phénomène géologique fascinant. D'immenses gorges de 100-150 mètres de profondeur sillonent la roche, les Chutes, sur plus d'un kilomètre, se jettent dans l'une de ces failles dans un vrombissement assourdissant. Un petit chemin circule en face des chutes et un pont traverse l'un des gorges pour s'approcher ce qui, en saison des pluies comme en ce moment (même s'il ne pleut jamais, mais d'ou vient toute cette eau??), revient à sauter tout habillés dans une piscine: les embruns sont tels qu'un immense nuage de goutelettes se forme au-dessus des chutes et, au gré d'un petit souffle de vent, nous mouille entièrement, des pieds à la tête.

 

 

C'est fou d'imaginer que dans quelques mois, en saison sèche, il sera possible de marcher en haut de la Chute. Il faudra revenir ;)

On imagine d'ailleurs que Livingstone a du arriver en saison sèche parce qu'en saison des pluies comme actuellement, il aurait pas tenu très longtemps dans ce remous.
On imagine d'ailleurs que Livingstone a du arriver en saison sèche parce qu'en saison des pluies comme actuellement, il aurait pas tenu très longtemps dans ce remous.
Commentaires: 11
  • #11

    Thomas (dimanche, 09 juin 2013 08:18)

    Et sinon, les zambes?
    (désolé pour cette blague à retardement :-) )

  • #10

    MagFisch (mardi, 30 avril 2013 04:24)

    Ah et je voulais ajouter que je suis faaaaaaaaan du mini caméléon tout mignon tout plein ! par contre, je veux voir une photo des méchantes naraignées de la forêt ???

  • #9

    MagFisch (mardi, 30 avril 2013 04:21)

    C'est magnifique ! et bravo Emilie pour cette épilation nette en toute circonstance ;-)

  • #8

    barbara (mercredi, 17 avril 2013 08:32)

    coucou les loulous! supers sympas les photos, cool de voir que vous allez bien et que vous continuez votre petit entrainement avant la vraie epreuve.... oui je parle bien des 20 km en belgique sur route extra plate pour filer des sous a msf (qui sont en faillite aux dernieres nouvelles)
    nous on est bien rentrés en france et la on profite des vacances , tenez nuos au jus quand vous rentrez tout bronzés! bisou

  • #7

    Anne la barcelonaise (lundi, 15 avril 2013 17:27)

    Hola les amis!
    whaouh quelle épopée et quel voyage ! Je viens de faire un petit bout de chemin avec vous ce soir, MERCI!
    c est vrai que c'est bizarre de partir avec vous comme cela , si facilement en lisant qq lignes et regardant les photos... Presque j y suis... et pourtant... je suis surtout assise sur mon canapé, entourée de tout le confort matériel, aprèes une journée de boulot , une classe de swing etc... bref un rythme de vie a l occidental...tellement différent... Enfin, j ai qd meme fait 28km de vélo ce WE en montant sur les hauteurs de Barcelone ;-)
    Continuez de conter vos aventures pour nous les faire vivre par procuration...meme si on ne ressent pas ni le 10eme des emotions que vous devez vivre !!
    Bises
    Anne

    Il ya deux semaines je suis allée marcher dans le désert 6 jours au Maroc, confins du sud marocain... le bonheur pour déconnecter ... enfin, vous savez ce que c 'est , ce bonheur de ne plus dépendre d un téléphone, de mails and co ... ;-)
    ENJOYYYYY

  • #6

    Annette (vendredi, 12 avril 2013 13:59)

    Super le reportage zambien:je reconnais tes talents de conteuse ma petite mimi!
    A part les vilaines grosses bêtes et surtout la verte que je n'aimerai pas croiser, la Zambie
    semble être assez paisible mais il ne faut peut-être pas se fier aux apparences!
    Merci pour les superbes photos.
    Félicitations à Sarah et Maxence
    Salut les cousins de Lyon
    Bonjour de Lourdes
    Bises
    Maman

  • #5

    Isaac Kayaya (vendredi, 12 avril 2013 05:18)

    C'est super ce que je viens de lire là. je viens de faire un voyage Goma-Zambie devant mon ordi!!!la suite ,SVP, la suite...

  • #4

    Sarah (mercredi, 10 avril 2013 15:33)

    Toujours aussi chouette et rigolo de vous suivre ! Emilie pour une fois ton bronzage ressemblera au mien :-D !!! Oui oui rammene donc cette casquette on la mettre sur le berceau;-) bisous bisous à vous deux

  • #3

    JPG (mercredi, 10 avril 2013 13:23)

    Oui, les biscuits, c'est quoi, c'est la monnaie locale ? Allo ! Allo ! T'as pas d'biscuits ?
    Hyper sympa à suivre.
    Il vous reste de l'Espeletako Biperra" dans vos bagages ? Incroyable !
    Plein de petites boutiques le long du chemin. Mais on dirait qu'il n'y a pas de coiffeur, pour autant. Vrai ?
    Bises

  • #2

    Ph et MCécile Clapé (mercredi, 10 avril 2013 11:40)

    Bravo !
    Vous êtes de magnifiques conteurs, nous sommes haletants (devant nos écrans...) et passionnés de suivre votre périple.
    Selon des histoires locales, l'eau vient du ciel et y retourne, mais elle fait des manifs plus ou moins importantes et bruyantes selon la saison et se déguise en Mer ou Océan salé ou en glace selon les latitude.... Il parait même qu'il y en a dans le vin et que certains en cherchent la source vers le Cap...
    Bises

  • #1

    Agnès (mercredi, 10 avril 2013 08:37)

    Joli le caméléon mangeur d'homme !!

    C'est quoi cette expression "une pause biscuit chez les policiers". Vous les avez amadoués avec des biscuits, ils vous ont offert des gateaux ????

    Super belles photos . Vous avez l'air très en forme !
    Bisous, bisous de maman

Bonjour à tous,

 

Après quelques mois passés dans les Kivus Congolais, notre retour en France approche. Oui, mais nous mettons tout d'abord le cap vers le sud! et à vélo...

 

Nous avons prévu de relier Goma à Cape Town à bicyclette et ce petit site nous permettra de partager un peu de notre voyage avec vous. Nous en profiterons aussi pour donner quelques infos pratiques à d'autres voyageurs qui voudraient venir pédaler dans le coin!

 

A bientôt en France!

1000ie et Rom1